Un an après le séisme, pouvez-vous dresser un état des lieux de la situation à Haïti ?
Un million d’Haïtiens vivent encore sous la tente ! La tâche est immense. L’affectation des dons et la coordination de centaines d’ONG sont d’une grande complexité. La crise du choléra est venue frapper le pays. Et depuis des mois, la période électorale freine l’action : le pays a besoin de dirigeants pleinement légitimes pour prendre en main de tels défis.
Pourquoi, dans ce contexte, l’accès à l’eau potable est une priorité ?
Le Dr Jean-William Pape, l’un des « trésors vivants d’Haïti », mondialement connu pour ses études sur le SIDA et pour sa lutte contre les maladies diarrhéiques, considère que l’eau potable et l’assainissement étaient déjà la priorité de santé publique pour le pays.
Le séisme et la crise du choléra lui ont dramatiquement donné raison.
Quels sont les résultats de la première phase du projet que vous menez ?
La station de Pandiassou que nous avons installée en partenariat avec les Petits Frères de l’Incarnation de Franklin Armand, autre « trésor vivant Haïtien », est la première en Haïti capable de traiter l’eau d’un lac. Elle peut fournir quotidiennement 50 mètres cube d’eau saine et fonctionne depuis sa mise en service en juillet 2010. Mais le vrai succès vient de son exploitation, assurée en totale autonomie par un jeune ingénieur haïtien que nous avons formé. On a donc montré que c’était possible. Nous avons aussi mis au point un modèle original de station qui pourra être monté de manière autonome à Haïti, et et pour lequel nous avons formé Slim Robert, un autre jeune Haïtien.
Quelles sont les prochaines étapes de ce projet et pour combien de bénéficiaires ?
Avec Franklin Armand, nous voulons maintenant le dupliquer. Les deux premières stations « haïtiennes » seront montées sur place avant juillet. L’une sera probablement installée dans un centre du Dr Pape et l’autre pour la Fraternité de l’Incarnation. Nous souhaitons ensuite construire à Haïti un atelier de montage où pourront être assemblées 50 unités par an, par une équipe de techniciens haïtiens. Chaque unité pourra produire 20 mètres cube d’eau potable par jour, soit l’alimentation de plus de 5 000 personnes, sans besoin d’assistance étrangère. Nous cherchons des fonds pour les réaliser.
* Lors de la Conférence des donateurs, le 31 mars 2010, les 55 représentants des gouvernements et institutions multilatérales avaient promis, pour la période 2010-2011, une somme de 5,57 milliards de dollars, dont 1,07 milliard au titre de l’annulation de la dette extérieure d’Haïti.
La préparation du 6ème Forum Mondial de l’Eau
La fondation Chirac, membre du Conseil Mondial de l’Eau, s’engage dans la préparation du 6ème Forum Mondial de l’Eau qui se tiendra à Marseille du 12 au 17 mars 2012.
En 2011, la Fondation agira principalement en Afrique subsaharienne, où les Objectifs du Millénaire pour le Développement sont les moins avancés. Le Sahel abrite les populations les plus pauvres d’Afrique en raison de la sécheresse et des déséquilibres climatiques survenus depuis 50 ans. 337 millions de personnes de la région n’ont pas accès à l’eau potable, principalement en zone rurale. Pour que le droit à l’eau, reconnu par les Nations Unies en 2010, devienne une réalité dans les faits, la fondation Chirac veut :
- éveiller les volontés politiques et participer à l’amélioration de la gestion du bassin du fleuve Niger.
- plaider pour la ratification de la Convention Internationale des Nations Unies de 1997 sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau à des fins autres que la navigation. 8 pays concernés : Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Tchad, Mali, Niger, Bénin, Cameroun.
- mettre en avant les solutions de terrain exemplaires.
Elle organise en octobre 2011 un colloque « Solidarité africaine pour l’eau dans les pays du bassin du fleuve Niger »
Prolonger les actions du Président Jacques ChiracLe 26 avril 2004 : les chefs d’Etat de l’Autorité du Niger se réunissent à Paris pour la conférence consacrée au Partenariat international pour le Bassin du Niger. Ils adoptent neuf principes de gestion et de bonne gouvernance pour un développement durable et partagé du Bassin (Déclaration de Paris). Le 13 novembre 2008 : « l’eau pour la paix, la paix pour l’eau ». Conférence organisée par la fondation Chirac appelant les Etats à ratifier la Convention internationale des Nations Unies de 1997. Le 5 novembre 2010 : lors de la deuxième remise du Prix pour la prévention des conflits et le 7 décembre 2010, lors des Journées européennes du développement, Jacques Chirac rappelle l’importance de diversifier les financements innovants pour le développement. |
Memento
22 mars 2011 : Jacques Chirac rencontre Kofi Annan à Paris. Ils ont évoqué les collaborations possibles entre l’Africa Progress Panel et la fondation Chirac
22 mars 2011 : Journée Mondiale de l’eau. Voir le Blog : “L’eau pour les villes : répondre au défi urbain“, par Jean-Louis Oliver, Délégué général de la Fondation pour l’accès à l’eau et l’assainissement
13 et 14 avril : Rencontre de Catherine Joubert et du Professeur Gentilini avec Jacques Diouf, Directeur général de la FAO. Les problématiques liées à la sécurité alimentaire seront l’objet de leur réunion
15 avril 2011 : Réunion du Comité scientifique
Octobre 2011 : Colloque « Solidarité africaine pour l’eau dans les pays du bassin du fleuve Niger »