C’est en effet début 2009 que la première équipe, menée par la chef opératrice de prise de vues Muriel Lütz et le linguiste Patrick Mouguiama-Daouda, partait pour le Gabon, filmer deux langues et leurs cultures : le mpongwe, dans les faubourgs de Libreville, et le benga en bord de mer, au Cap Estérias. Depuis, les tournages n’ont cessé de se succéder… |
Le projet Sorosoro a été lancé en juin 2008, dans le but de participer à la préservation des langues et cultures en danger à travers le monde par une documentation audiovisuelle.
Le principe est le suivant : en partenariat avec des centres de recherche, des équipes combinant linguistes et/ou anthropologues d’une part, et vidéastes professionnels d’autre part, sont formées.
Selon un guide de tournage élaboré conjointement, les scènes à filmer sont définies, de telle sorte que soit préservée la mémoire orale de ces cultures qui risquent de disparaître sous les coups de la mondialisation et de la généralisation des échanges : récits et chansons, rites et cérémonies, plantes et médecine traditionnelle, vie quotidienne, vocabulaires spécifiques etc.
Les équipes partent alors sur le terrain pendant 5 semaines, avec pour mission de filmer deux langues/cultures et de ramener pour chacune une trentaine d’heures de rushes, c’est-à-dire de données filmées brutes.
Ces données sont ensuite numérisées, classées et archivées afin qu’elles soient préservées pour les générations futures. L’ambition est de monter ainsi progressivement une Encyclopédie numérique des langues orales.
En un peu plus de 2 ans, ce sont 13 langues/cultures qui ont été documentées par Sorosoro, pour un total de plus de 300 heures de rushes !
- Au Gabon, 4 langues bantoues : le benga, le mpongwe, le punu et l’akélé
- Au Sénégal, 4 langues atlantiques : le menik, le baynunk, le bassari et le laala
- En Nouvelle-Calédonie, 3 langues kanak : le xârâcùù, le xârâgurè et le haméa
- Au Guatemala, 2 langues maya : le kaqchikel et le tektiteko
Une petite partie de ces travaux est accessible au grand public sur le site www.sorosoro.org. On y trouve des dizaines de vidéos montées à partir des images issues des tournages. Parmi ces vidéos, des récits, des chansons, des cérémonies, des recettes de cuisine, des interviews sur des sujets de société, etc., le tout en langues locales sous-titrées en français et en anglais. A l’avenir, Sorosoro espère aussi prolonger son travail de documentation en s’impliquant dans la production de matériels pédagogiques pour la transmission de ces langues et de leurs cultures. D’ici la fin de l’année 2011, ce projet devrait devenir réalité avec la confection de livrets avec DVD, réalisés à partir des matériaux collectés lors des tournages, et proposant par exemple des séries de contes, de recettes, de mots de base, etc. dans des langues spécifiques. |
Les grandes dates de ce trimestre
10-13 février : Deuxième Conférence internationale sur la Documentation et la Préservation des Langues (ICLDC) à l’Université de Hawaii, 350 participants. Interventions de Rozenn Milin, directrice de Sorosoro, sur la documentation audiovisuelle des langues
10 février – 16 mars : Tournage Sorosoro au Sénégal, en pays Bassari au sud-est du territoire, et en pays Laala, à 70 kilomètres de Dakar, avec le chef opérateur de prises de vues François Rigou et les linguistes Loïc-Michel Perrin et El Hadji Dièye