Le lauréat 2016 du Prix Culture pour la paix
Le Chœur Pontanima de Sarajevo est distingué pour son action en faveur du dialogue interethnique et interreligieux en Bosnie-Herzégovine.
Le Chœur Pontanima de Sarajevo est distingué pour son action en faveur du dialogue interethnique et interreligieux en Bosnie-Herzégovine.
Convaincu que « la Bosnie est une symphonie de religions », le prêtre franciscain et professeur de théologie Ivo Markovic s’engage activement pour la paix en promouvant le dialogue interreligieux pendant la guerre en Bosnie-Herzégovine, conflit dont ses propres proches furent victimes. En 1996, au lendemain de cette guerre qui a ensanglanté les Balkans, il fonde le Choeur Pontanima, devenu depuis l’un des plus réputés de Bosnie-Herzégovine.
Désireux de réunir un petit groupe de musiciens pour chanter lors des messes dans son église, il ne peut trouver un nombre suffisant de choristes catholiques, et fait donc appel à des musiciens d’autres religions. C’est la naissance du Choeur Pontanima (« pont entre les âmes »), qui rassemble aujourd’hui sans distinction des chanteurs de tous horizons, amateurs et professionnels, musulmans, orthodoxes, catholiques, juifs et athées, bosniaques, serbes et croates, qui interprètent les chants de toutes les communautés qui composent la Bosnie.
À travers la musique chorale, le Choeur Pontanima souhaite être « un pont entre les âmes », entre les religions et entre les traditions. Il s’engage pour reconstruire une paix encore fragile et pour favoriser un dialogue nécessaire dans une région qui a été déchirée pendant de longues années par les conflits religieux et ethniques.
Se produisant principalement en Bosnie-Herzégovine, notamment dans les territoires où le souvenir de la guerre est encore très vif, tels que Banja Luka, Vukovar, Srebenica ou Mostar, le Choeur Pontanima élargit désormais ses activités au reste de l’Europe. Parce que ses membres ont la conviction que la paix n’est jamais acquise et qu’il faut travailler sans relâche à la consolider, le Choeur Pontanima travaille à la création d’un PONTANIMA européen. Pour que chacun se souvienne que la paix est le bien le plus précieux que l’Europe ait donné à ses peuples.
Le nom de ce choeur, Pontanima, « pont entre les âmes » des peuples de Bosnie et des Balkans, nous rappelle les ponts tragiques de l’histoire de la Bosnie : le pont latin de Sarajevo où fut assassiné l’archiduc François Ferdinand en juin 1914 déclenchant la première guerre mondiale ; mais aussi le pont de Mostar, détruit lors du conflit en ex-Yougoslavie à la fin du XXe siècle ; et surtout le pont de Vrbanja, repris en ce fameux jour de mai 1995 par les « marsouins » français, marquant le début de la fin de ce conflit grâce à la volonté et à la vision du Président Chirac. Celui-ci a voulu, dès le début de son mandat, que les forces françaises sur place jouent un rôle décisif pour faire cesser ce siège de Sarajevo, le plus long de l’histoire moderne. Ce n’est pas un hasard si le traité de paix, suite aux accords de Dayton, a été signé à Paris en décembre 1995 sous l’égide du Président Chirac ; et ce Prix « Culture pour la Paix » honore tout à la fois la résilience du peuple de Bosnie,
exprimée par l’harmonie musicale de ses diverses voix, et surtout le rôle historique joué par le Président Chirac dans la fin de ce conflit et le retour de la paix en ex-Yougoslavie.